Les bienfaits de l’activité physique ne sont plus à prouver. Le sport est utilisé pour le bon fonctionnement de notre corps et l’équilibre mental. Mais que se passe-t-il quand le sport devient notre drogue ? La bigorexie a été reconnue comme maladie mentale par l’OMS en 2011 – ce qui est assez récent. Beaucoup de sportifs sont concernés par cette maladie sans même s’en rendre compte. Mais qu’est-ce que c’est ? En quoi faire du sport peut être un problème ? Pourquoi il serait temps d’arrêter de glorifier ce genre de comportement ? On t’explique tout cela ci-dessous !
Qu’est-ce que c’est ?
La bigorexie est le mot désignant l’addiction au sport. On ne parle pas seulement d’aimer faire du sport comme on aime regarder un film ou jouer avec ses enfants. On parle d’une véritable addiction – comme nous serions addicte à une drogue dure ou à l’alcool.
Une personne souffrant de bigorexie va calculer son quotidien en fonction du sport : ses repas, ses relations sociales, sa vie professionnelle, sa vie de famille, ses vacances et son domicile en fonction de la salle de sport la plus proche, … Tout son emploi du temps tourne autour de sa pratique sportive. Mais pas que.
Quelqu’un atteint de bigorexie va également chercher la performance, à aller au-delà de ses limites mentales et physiques. Il va passer des heures et des heures à faire du sport ; et ce, souvent jusqu’à la blessure et même encore après. Il arrive à des personnes souffrant de bigorexie de continuer à faire du sport même blessées (soulever des haltères avec l’épaule « en vrac », courir malgré une blessure au genou, poursuivre un entrainement malgré un malaise, pousser l’effort jusqu’à perdre connaissance, …).
Enfin, une personne atteinte de bigorexie vivra un véritable manque si elle est interdite de sport ne serait-ce qu’une journée ou même lorsque sa séance quotidienne est écourtée. Comme un shoot qu’elle n’aurait pas pu prendre, elle va déprimer, devenir irascible, être terrifiée de ne pas travailler ses performances, … Pour les arrêts sur de longues périodes, le sportif addicte peut même tomber en dépression.
Ces personnes souffrent de ce quotidien dicté par le sport, mais ne s’en rendent pas forcément compte. Par ailleurs, pour justifier leur bigorexie, certaines personnes malades vont se tourner vers des carrières sportives comme coach, culturiste, etc.
Comment nait cette dépendance ? Comme toutes les autres. Un moment de faiblesse : une dépression, un traumatisme, un besoin irrémédiable de danger, d’adrénaline pour se sentir exister dans un quotidien qu’on ne supporte plus, … C’est pour cela que nous pouvons tous tomber dans ce trouble. On connait tous un passage à vide plus ou moins long dans notre existence et nous avons donc tous le risque de tomber dans ce trouble.
La société de la performance et de l’apparence
La société d’aujourd’hui conforte les personnes atteintes de bigorexie dans leur croyance qu’elles ne sont pas malades, elles sont « juste sportives ». En effet, nous vivons dans un monde où la performance et le fait de repousser constamment ses limites sont glorifiés. Quelqu’un qui va au-delà de ses capacités mentales et physiques sera félicité alors que quelqu’un qui n’est pas dans la performance, mais dans le juste plaisir, sera boudé. La valorisation de la performance est donc une excellente cachette dans laquelle se réfugient beaucoup de personnes atteintes de bigorexie. En réalité, on peut aimer le challenge, la compétition, repousser ses limites, … mais cela ne doit pas être au détriment de sa santé mentale et physique.
De plus, la société du paraître dans laquelle nous évoluons renforce la recherche du corps « parfait » ; musclé mais fin, athlétique, sportif, … Ce qui consolide toujours plus la recherche de perfection sportive de la part de ceux qui souffrent de bigorexie. La peur de grossir peut être un des motifs d’addiction au sport.
Pourtant, il s’agit véritablement d’une maladie mentale. Même si cela n’est pas vécu comme une souffrance de la part de la personne touchée, son corps est impacté, sa santé mentale aussi. Bien que le sport soit recommandé pour entretenir le fonctionnement de notre corps et pour améliorer sa santé mentale, à l’excès, il est très dangereux et peut nous blesser plus que nous aider.
Comment savoir si on est atteint de bigorexie ?
Bien qu’on pense que la bigorexie touche uniquement les personnes minces et sportives, tout le monde peut basculer dans cette maladie. Par exemple, des personnes en obésité qui, pour perdre du poids, vont se lancer à corps perdu dans le sport quoi qu’il en coûte peuvent basculer rapidement dans la bigorexie.
Pour pré-diagnostiquer sa dépendance au sport, il existe un questionnaire scientifique appelé le Exercise Dependence Scale (veille à utiliser la version révisée, « Exercise Dependence Scale – revised »). Une vingtaine de questions permettent de donner une tendance à une potentielle dépendance au sport. Cet outil est très utile, car il permet une première prise de conscience de la part des personnes atteintes de bigorexie.
Petit rappel : un pré-diagnostic ne se substitue pas à l’avis d’un professionnel de santé avisé. N’hésite pas à consulter un psychologue et un professionnel de l’activité physique pour faire analyser tes réponses au questionnaire.