Pourquoi j’ai arrêté de chercher à perdre du poids ?
J’ai toujours été grosse – et j’ai toujours cherché à perdre du poids pour coller aux diktats et à la soi-disant “image de la bonne santé”. Été comme hiver, je courais les régimes, les “rééquilibrages alimentaires” drastiques, les méthodes minceurs, … Je souffrais de ne jamais parvenir à garder un poids stable et surtout bas. Même en ayant la meilleure alimentation du monde, même en faisant du sport, … Je ne perdais pas de poids ou peu, difficilement, dans la souffrance et le calcul permanent de ce que je pouvais m’autoriser ou non. Dans la souffrance de ce que penseraient les autres de moi si je perdais, si je ne perdais pas, si je reprenais, … Au final, aucun traitement n’existe véritablement pour ma maladie et je m’épuisais à tenter quand même, par tous les moyens, me mettant souvent en danger.
Jusqu’à cette année, jusqu’à 2022. J’ai décidé d’arrêter de chercher à perdre du poids. Comment ai-je pris cette décision ? Comment est-ce que je le vis depuis ? « Apologie de l’obésité ! » me dira-t-on peut-être. Le fait est qu’on a qu’une seule vie et que j’ai décidé de profiter pleinement de la mienne, qu’il m’appartient de gérer comme bon me semble. Tout comme tu es libre de gérer la tienne comme bon te semble, cher.ère lecteur.trice !
Sache que mon but est de te présenter mon témoignage : celui d’une femme qui a compris que pour pouvoir profiter de sa vie et rester en bonne santé globalement, cela ne passait pas obligatoirement par la perte de poids. La santé physique dépend de la santé mentale et inversement – c’est important que tu gardes ça en tête pour le reste de mon témoignage … et de ta vie. Je ne l’ai compris qu’en 2022.
Le début
Quand tu arrives à presque 30 ans (bon … je n’en ai que 25 – 26 cette année – mais la trentaine me travaille déjà), tu t’affaires déjà à réaliser un petit bilan de ta jeune vie d’humaine. Sur ma bucket list, j’ai checké bon nombre d’items en seulement 20 ans : études, voyages, fiançailles, indépendance financière, …
Le seul sur lequel je butte depuis mes 5 ans, c’est l’item « perdre du poids ». La fameuse, la redoutable, la déprimante, l’impossible. Oui, impossible. Car perdre du poids de manière durable, non-invasive et en gardant une santé mentale opérationnelle m’est impossible. C’est même impossible pour une majorité de personnes en obésité. Soit la perte de poids s’effectue sur une courte période mais ne dure pas dans le temps ; soit elle nécessite une opération non-négligeable qui entraine un besoin permanent de contrôle de son alimentation avec une potentielle rechute passé généralement 5 ans post-chirurgie ; soit une constante maîtrise de chaque gramme avalé, chaque minute de sport, chaque craquage, chaque repas convivial, … Bref, perdre du poids et le maintenir quand on est touché par l’obésité est une gymnastique cérébrale et physique permanente – et ce n’est pas franchement agréable, pour être sincère.
Pourtant, j’ai essayé pendant 25 bon sang d’années. Pendant 25 ans, je n’ai fait que me flageller à chaque bouchée avalée, même lorsque j’avais faim (un gros n’a jamais faim, c’est bien connu *ironie*) ; je n’ai fait que me forcer à faire du sport à outrance ; je n’ai fait que me cacher du regard des autres, de mon propre regard, parce que je n’y arrivais pas, parce que je ne me maintenais pas et finissais par reprendre tout ou le double de ce que j’avais perdu. Je n’ai fait que me détester de ne pas être comme les autres. J’allais à chaque fois contre qui j’étais, contre ce que je voulais être : la nana cool, détendue, libre, indépendante, … J’étais plutôt frustrée, rigide, stressée, coupable et triste. Je délaissais véritablement ma santé mentale pour tendre vers une potentielle meilleure santé physique.
Comment en suis-je venue à prendre cette décision ?
Je me suis donc posée récemment la question : « est-ce que tu souhaites perdre du poids pour toi, pour ta santé globale ; ou pour les autres et entrer dans le fameux moule ? » – bien que depuis des années je connaissais déjà la réponse. Les autres ont grandement influencé la vision que j’ai et que j’avais de mon corps et de ma santé. Je guéris peu à peu de cette injonction à la minceur mais on ne change pas 25 années d’endoctrinement malsain en 1 réflexion.
Si je souhaitais à tout prix perdre du poids, il ne faut pas se leurrer : c’était à 80% pour plaire aux autres, être ce que la société glorifie injustement. Mes bilans sanguins ont toujours été bons, je n’ai jamais eu le moindre problème de santé à cause de mon poids et mon corps me permettait de bouger, de vivre correctement. Je privilégiais donc bien la vision collective à la mienne, dans ma propre et unique existence. Par qu’être mince, c’est socialement mieux accepté qu’être grosse. C’est aussi le seul potentiel critère visible de bonne santé (parce que c’est bien connu, tous les minces sont en excellente santé mentale et physique *ironie*). Et si tu es grosse et que tu oses t’assumer et te respecter, on vient de balancer que tu fais l’apologie de l’obésité.
De plus, selon les discussions que j’ai pu avoir avec mes pairs, beaucoup parle de la minceur esthétique normée comme raison pour perdre du poids. Cela prouve bien la prédominance de la “bien-pensance” collective à celle de soi-même – à ce que NOUS, nous trouvons beau – alors que finalement, personne d’autre n’habitera notre corps hormis nous-même. Personne d’autre ne vivra notre existence et surtout, on ne plaira jamais à tout le monde.
Alors, si je ne cherchais pas à perdre du poids pour rentrer dans les normes esthétiques, je devrais perdre du poids pour être en meilleure santé physique ? Pourquoi pas, après tout ! L’idée est séduisante quand on sait à quel point la graisse entame notre espérance de vie en multipliant les risques de mort prématurée. Mais détériorer ma santé mentale en comptant chaque gramme, en faisant sans cesse attention, en me privant, en me frustrant, en m’ajoutant des heures et des heures de sport par semaine à une vie déjà bien remplie, … Bref, en mettant au centre de tout mon quotidien et de mon existence ma perte de poids à maintenir (car perdre du poids est une chose, maintenir la baisse en est une autre), … non merci.
La vie passe déjà à toute vitesse : si c’est pour me pourrir l’esprit d’injonctions alimentaires et sportives pour avoir une santé physique à peu près clean … On en revient au même. Car même quand je m’alimentais « normalement » – c’est-à-dire en fonction de mes besoins nutritionnels propres et sans extras – je ne perdais pas. Je me maintenais, c’est tout. Si je mangeais moins, je m’affamais et je finissais par tout reprendre. Et quand j’ajoutais à ça des heures de sports quotidiennes pour activer le processus de perte, je m’éloignais que plus de ce que j’aimais et de ceux que j’aimais. Sauter dans ma tenue de sport après 8h passées au bureau, rester 1 heure à la salle tous les soirs ou m’éclipser dans ma chambre pendant 1 heure + la douche + préparation du repas avec le comptage fatidique de chaque gramme + manger et dormir. C’est le genre de quotidien qui fait rêver qui, sérieusement ?! Finalement, je détériorais ma santé mentale pour une soi-disante meilleure santé physique. L’équilibre dans ma santé générale, globale, n’était certainement pas dans cette manière de faire.
Par ailleurs, l’obésité est une maladie chronique, j’en ai bien conscience. L’alimentation et la sédentarité sont uniquement 2 des centaines de facteurs engendrant la prise de masse grasse et l’entretien de cette affection de longue durée. Donc tu imagines bien que si mon surpoids important s’était limité à ces deux seuls facteurs, je ne serais plus grosse comme je le suis. Je ne maîtrise pas tout vis-à-vis de mon obésité et j’ai décidé de lâcher prise pour mieux vivre cette existence. J’applique simplement ce qui me fait du bien, tant à l’esprit qu’au corps – sans entrer dans l’outrancier, dans les extrêmes.
Comment est-ce que je vis cette décision aujourd’hui ?
En vérité, je ne me suis jamais aussi sentie libre de toute ma vie. Libre dans mes choix, dans mes pratiques, dans mon corps qui, autrefois, était ma hantise. Je ne me suis jamais sentie aussi belle que depuis que j’ai décidé d’arrêter de chercher à perdre du poids. Je ne me suis jamais sentie aussi sereine. Je n’ai jamais autant eu confiance en moi. Même dans les pires moments, je parviens à compter sur moi, mon corps et mon mental. Je ne me suis jamais sentie aussi moi-même : la nana cool, détendue, libre et indépendante. Ça y est, je parviens peu à peu à être cette femme que j’ai toujours voulu être. De l’activité physique quand je le souhaite et en fonction de ma réalité, de mon quotidien. Des repas qui répondent à mes besoins physiques et pas de culpabilité lors des repas un peu plus conséquents : je pratique avec plaisir l’alimentation intuitive (un article sur ce sujet arrivera très prochainement). Et c’est tout … Pas d’obligation, pas de culpabilité, pas de déception.
J’ai fait le deuil du corps de mannequin taille 32 avec grand plaisir car je me sais tout aussi capable, forte et belle que celles qui défilent et qui posent dans les magazines. Je parviens à équilibrer santé mentale et santé physique. Bien qu’elles ne soient pas antinomiques, je pars du principe que si je vais bien dans ma tête, je parviens à aller à peu près bien dans mon corps. Le mental joue un rôle prépondérant sur la santé physique, ne l’oublie pas !
Finalement, j’ai choisi de vivre le reste de ma vie sans penser à ce qu’on me dira si je n’étais pas ce qu’on attendait de moi. Ma santé physique n’est pas 100% clean mais finalement, elle ne le saura jamais puisque l’obésité est une maladie métabolique chronique. Et d’ailleurs, dans ce monde, qui a une santé physique clean à 100% ? Personne – même les personnes minces. Alors fais ce qui te semble juste et assez pour équilibrer ta santé et lâche-toi la grappe !
J’ai écrit ce témoignage avec mes propres mots, mes propres ressentis. Cela parlera très certainement à certaines personnes qui suivent Fedmind. Peut-être que mes mots planteront une graine dans l’esprit de celles et ceux qui se déchirent, qui se tuent dans un quotidien qui ne leur ressemble pas ; qu’ils ne souhaitent pas. J’espère simplement qu’avec mon témoignage, certaines personnes apprendront que s’aimer quand on est gros et être en bonne santé globale, ce n’est pas impossible.
La conclusion à tirer de tout ça, c’est celle de te demander comment est-ce que tu veux vivre ta seule et unique existence sur Terre. Peu importe la réponse, elle doit venir de toi et être en adéquation avec tes valeurs, tes principes et ce que tu veux être comme personne. Cette réponse, tu dois être en phase avec elle et l’assumer, l’affirmer pleinement.
Moi, j’ai fait mon choix : celui de vivre une vie libre, décomplexée, au jour le jour, détendue et pleine de vie et de sourires à distribuer à ceux qui en veulent. Quel est TON choix ? Toi seul.e le sait, toi seul.e le décide, toi seul.e le matérialise. Garde en tête que tu t’appartiens et que personne d’autre ne fera l’effort à ta place pour devenir qui tu souhaites véritablement être et ce que tu souhaites véritablement faire du peu de temps que tu passeras sur Terre.
- Par Nina