L’alimentation intuitive est au cœur d’une nouvelle ère. Aujourd’hui, en 2022, à l’heure où le bodypositive est en plein essor, on reste bel et bien embourbé dans la culture des régimes et le diktat de la minceur. Le marché de la minceur ne s’est jamais aussi bien porté, privilégiant la recherche absolue des corps minces au détriment de la santé physique et mentale.

Car oui, la minceur n’est pas un gage absolu de beauté, de santé et de bonheur. Toutefois, on l’a bien compris : les régimes ne fonctionnent pas. Toutes les méthodes de pertes de poids confondues (chirurgie bariatrique comprise) sont un échec : au moins 85% des personnes reprendront tout le poids perdu à 5 ans et même plus. Même le rééquilibrage alimentaire est décrié par la nouvelle génération de diététicien.nes. Trop réglementé, trop généraliste, trop éloigné des réalités physiologiques et psychologiques des patients, … bref : un véritable régime dissimulé, il faut être honnête.

C’est pourquoi on commence à voir apparaître de plus en plus de diététicien.nes spécialisés dans l’alimentation intuitive. Un état d’esprit durable plus qu’une mode diététique, cette dernière est de plus en plus documentée scientifiquement et, surtout, positivement !

L’alimentation intuitive, qu’est-ce que c’est ?

L’alimentation intuitive se développe dans les années 90. Deux diététiciennes américaines, Tribole & Resch, sont de plus en plus confrontées à des patients qui reprennent tout le poids perdu durant des régimes, voire même plus. Leurs constatations entrent en cohérence avec les recherches scientifiques faites sur le sujet. C’est simple : notre quête de la perte de poids nous oblige à nous couper de nos sensations de faim afin d’éviter d’y répondre. On ne fait plus confiance à notre corps. On fait le choix de ne plus l’écouter pour suivre des dogmes restrictifs dont les résultats ne durent pas. Ils sont catastrophiques sur court, moyen et long terme : alimentation troublée, mésestime de soi, qualité de vie diminuée, carences, fatigue, Troubles du Comportement Alimentaire, … Et une dérégulation du corps de surcroît !

En effet, quand on rompt son régime, et ce d’une manière ou d’une autre, notre corps est perdu dans ses sensations – il ne sait plus comment se réguler ! Comme l’explique Alicia Sicardi, diététicienne et chercheuse, dans “Le Grand Livre de l’Alimentation Intuitive” (2021) :

“[…] il est normal que votre corps ne sache plus vous dire ce dont il a besoin : il ne vous a pas lâché(e) en cours de route, c’est plutôt qu’il s’est perdu à force de ne pas être entendu.”

Le principe de l’alimentation intuitive est donc de renouer avec ses sensations corporelles, de retisser un lien de confiance avec son corps et ses mécanismes innés, naturels. Mais c’est aussi privilégier l’instinct dans l’alimentation, ses propres convictions, besoins, envies et plaisir. L’alimentation intuitive s’oppose donc radicalement à la culture des régimes, à l’obligatoire quête de la minceur. Elle ne promet aucune perte de poids. Elle valorise plutôt l’unicité de chaque personne, tant dans son corps que dans sa personnalité.

Pas de limite ?

Là où des personnes en proie à la culture des régimes peuvent paniquer, c’est quand on annonce qu’en alimentation intuitive, il n’y a pas de règle. “Mais du coup, je mange ce que je veux quand je veux autant que je veux ?!”, “Je vais prendre du poids, c’est sûr !” – sont autant de réactions à chaud qu’on peut entendre.

Elles sont très représentatives de la culture des régimes dans laquelle on baigne : ce besoin que tout soit cadré par des règles, qu’on soit infantilisé dans notre prise alimentaire et surtout, qu’on perde quand même du poids. Sinon, il y a cette épée de Damoclès au-dessus de notre tête, cette trouille qu’on ne sache pas s’en sortir, qu’on dérape et reste ce qu’on est. Car on ne va pas se mentir : quand on commence l’alimentation intuitive et qu’on n’a pas encore travaillé sur la déconstruction de la dietculture, c’est notre peur n°1.

Il faut bien comprendre que l’alimentation intuitive n’est pas un régime, mais un moyen d’apaiser son alimentation et retrouver une certaine complicité avec son être dans l’acte de manger. C’est se libérer des restrictions, des obligations, des interdictions, des diabolisations, de la culpabilité, … pour laisser les mécanismes naturels et innés de notre corps reprendre leur juste place en confiance. Ces mécanismes présents dès notre naissance, mais que les régimes et le culte de la minceur ont forcé à se taire. Ils seront ta “limite”, ils seront ceux qui te diront : “C’est bon, j’ai tout ce qu’il me faut pour que tu te sentes bien !”. Ton rôle dans ce processus va être de faire confiance à ton corps car lui, il sait en vérité (relis la citation d’Alicia Sicardi un peu plus haut dans l’article). C’est en se libérant peu à peu de la mentalisation autour de la prise alimentaire qu’on sort petit à petit de la culture des régimes.

Affaire à suivre !

Bien évidemment, cette notion d’alimentation intuitive est à creuser : ce que c’est, ce que ce n’est pas, sa compatibilité avec l’obésité, avec les chirurgies bariatriques, la permission inconditionnelle de manger, … Il s’agit d’un univers à contre-courant avec ce qu’on nous inculque en temps normal. On t’en dit plus dans un futur article ! En tout cas, nous travaillons activement du côté de Fedmind pour mettre à jour notre programme afin de permettre à nos utilisateurs.trices d’apaiser leur alimentation en favorisant leur intuition !

 

Sources :

  • ANSES, “Risques sanitaires liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement” (2010)
  • Leslie Cadena-Schlam et Gemma López-Guimerà, “Intuitive eating: An emerging approach to eating behavior” (2015)
  • Beate M. Herbert, Jens Blechert, Martin Hautzinger, Ellen Matthias, Cornelia Herbert, “Intuitive eating is associated with interoceptive sensitivity. Effects on body mass index” (2013)
  • Nina Van Dyke, EJ Drinkwater, “Review Article Relationships between intuitive eating and health indicators: Literature review” (2014)
  • Alicia Sicardi, “Le Grand Livre de l’Alimentation Intuitive” (2021)