Aborder l’obésité avec un proche touché : 5 choses à savoir
Tu as un proche adulte à qui tu tiens et qui est touché par l’obésité ? Tu t’inquiètes pour sa santé mais tu ne sais pas comment t’y prendre pour le lui dire ? Avec la moitié de la population française en surpoids ou en obésité, on connait tous au moins une personne qui entre dans l’une ou l’autre des deux catégories. Voici donc 5 choses à savoir avant de te lancer dans un discours auprès de ce proche auquel tu tiens !
1) Il ou elle le sait déjà :
Qu’il ou elle l’assume ou non, ce proche sait qu’il ou elle n’entre pas dans la case “svelt”. Ne t’inquiète pas pour cela : la société nous matraque d’injonction à la minceur de toute sorte : pub pour des régimes minceurs, pilules “miracles”, avant/après, plateaux-repas 0% de matière grasse, poudre de perlimpinpin, … Et parfois, de manière inconsciente : sièges de transport étroits, des tailles qui s’arrêtent au 42 dans les magasins de vêtements, le manque d’accompagnements crédibles et honnêtes de la part dans le milieu médical dû aux manques de connaissances sur la maladie, …

Monsieur le Président est d’accord avec nous sur le marketing de la minceur
2) Il ou elle a déjà essayé :
Soit seul(e) grâce à des programmes “clé en main” ou accompagné(e) par un professionnel de santé, ce proche auquel tu tiens a très certainement déjà tenté de perdre ce fameux poids qui t’inquiète … et qui doit parfois l’inquiéter, lui aussi. Tu l’as peut-être même déjà vu perdre quelques kilos, s’affiner, moins transpirer, être moins essoufflé donc tu te dis que c’est possible, que ce poids “en trop” n’est qu’une question de volonté. Si seulement c’était si simple … L’obésité, pour rappel, est une maladie chronique métabolique : on n’en guérit jamais. Jamais. Jamais. On peut, certes, perdre du poids et donc diminuer les conséquences de la maladie. Mais aujourd’hui, aucune méthode ne garantit une perte de poids durable et saine.
Donc en tant que personnes en obésité, on s’épuise à sauter de solution en solution, sans trouver notre bonheur, parfois en se détestant de ne pas être comme ce que la société aimerait qu’on soit : mince et en bonne santé.
3) Tu lui as déjà partagé ton inquiétude :
Parfois sans le savoir, nos familles et amis ont déjà au moins une fois partagé avec nous leurs inquiétudes vis-à-vis de notre obésité. Tu as très certainement, même sans le souhaiter, émis des jugements, lancé des regards culpabilisants, énoncé des phrases pleines de sous-entendues à destination de ce proche que tu aimes malgré tout. Car oui, il sait que tu l’aimes, peu importe son poids. Sinon, tu ne t’inquiéterais pas comme cela pour lui et sa santé.
Parfois même, tu as pensé bien faire en lui disant : “Avec ce que tu as, ce n’est pas bon pour toi …”, en proposant à tous tes convives une deuxième part de gâteau mais pas à lui, en lui glissant : “Ça ne te ferait pas de mal de faire un peu de sport !” ou “J’ai un code promo pour un colis de plats minceurs de C**** J***** ! A la pub, ils ont dit que tu pouvais perdre 10 kilos en 2 semaines !”.
Et enfin, tu t’es déjà méprisé(e), toi qui pèse 50kg de moins que ce proche atteint d’une maladie dont les symptômes sont visibles et difficilement contrôlables : “Oh lala, j’ai pris tellement de poids ! Je suis une grosse baleine, je suis moche !” – alors que tu as pris 1kg. Certes, chaque peine est à prendre en considération … mais essayer de relativiser, c’est pas mal aussi !

Quand tu pratiques l’amour inconditionnel
4) Tu ne peux pas faire les choses à sa place :
Tu lui as déjà fait maintes remarques (certes, manquant parfois de bienveillance) sur son poids et il ou elle ne te semble pas agir ? Spoiler : tu ne peux pas faire les choses à sa place. Spoiler 2 : peut-être que ce proche met des choses en place de son côté mais ne t’en parle pas. On a tous le droit à notre jardin secret et si on ne peut pas guérir l’obésité, on peut se soigner en mettant en place un accompagnement thérapeutique axé sur l’estime de soi et les causes de son obésité. Les résultats ne se traduisent peut-être pas par une taille de guêpe au bout d’un mois, mais ils sont là, dans son esprit et dans son coeur.
Qu’y a-t-il de plus rassurant que de savoir qu’une personne qu’on aime prend soin d’elle et commence à se sentir bien ?
5) Tu peux changer qui tu es, toi :
Si tu ne peux pas agir à la place de ce proche, que peux-tu faire ? Analyser ton comportement ! Quel type de relation souhaites-tu entretenir avec cette personne ? Celle de quelqu’un soutenant, qui lui apporte un amour inconditionnel à une personne majeure, responsable et au fait de sa maladie ? Ou celle d’une personne qui, même pleine de bonnes intentions, est perçue par ce proche comme un ou une persécutrice qui ne comprend définitivement pas sa maladie et à quel point cette dernière est tenace (tellement qu’elle dure toute la vie …) ?
Tu as du pouvoir sur ce que TOI, tu penses et fais. Renseigne-toi sur l’obésité : lis des livres pertinents sur la vie des personnes en obésité (et non pas des livres du type : “Comment maigrir grâce au régime X ?” ou “Le secret de la perte de poids : -10 kg par semaine”), rencontre d’autres personnes touchées, … ou demande tout simplement à ce proche comment est-ce qu’il souhaite que tu te comportes vis-à-vis de son obésité, tout simplement.
En conclusion …
Tu as bien assez à faire en t’occupant de ta propre santé mentale et physique ; chaque personne est responsable d’elle-même. Ce proche en obésité n’est pas sans savoir qu’il est touché par cette maladie ni qu’il peut mettre en place un suivi thérapeutique sain et compréhensif de sa condition. Toi, ton rôle, c’est de l’aimer sans condition, de le soutenir quand il le souhaite et de lui faire confiance. Tu peux l’aider, non pas en pointant du doigts son poids et son physique, mais en lui rappelant quelle belle personne ce proche est pour toi, avec toutes ses qualités qui vont avec.
On te rassure : ce proche ne t’aimera que plus si tu lâches prise !